Le Comte Almaviva est venu 224; S 233;ville apercevoir la …
Le Comte Almaviva est venu à Séville apercevoir la belle Rosine dont il est épris, et que séquestre son tuteur
Bartholo. Il retrouve son valet Figaro qu’il avait perdu de vue. Les deux hommes vont faire alliance et retrouver
leur complicité d’autrefois. Figaro vient d’informer le Comte que Rosine n’est pas encore mariée à Bartholo,
comme il l’avait cru ; mais le mariage est annoncé pour bientôt.
LE COMTE. – […] Ah, quelle nouvelle ! j’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets, et je la
trouve libre ! Il n’y a pas un moment à perdre, il faut m’en faire aimer et l’arracher à l’indigne
engagement qu’on lui destine. Tu connais donc ce tuteur ? FIGARO. – Comme ma mère. LE COMTE. – Quel homme est-ce ? 5 FIGARO, vivement. – C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette et furète et gronde et geint tout à la fois. LE COMTE, impatienté. – Eh ! je l’ai vu. Son caractère ? FIGARO. – Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
LE COMTE. – Ainsi, ses moyens de plaire sont…
10 FIGARO. – Nuls.
LE COMTE . – Tant mieux. Sa probité ?
FIGARO. – Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
LE COMTE. – Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux… FIGARO. – C’est faire à la fois le bien public et particulier : chef d’œuvre de morale, en vérité, Monseigneur ! 15 LE COMTE. – Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ? FIGARO. – A tout le monde : s’il pouvait la calfeutrer… LE COMTE. – Ah ! diable ! tant pis. Aurais-tu de l’accès chez lui ? FIGARO. – Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au Docteur, qui m’y loge gratis. LE COMTE. – Ah ! ah !
20 FIGARO. – Oui. Et moi en reconnaissance, je lui promets dix pistoles par an, gratis aussi.
LE COMTE, impatienté. – Tu es son locataire ?
FIGARO. – De plus, son Barbier, son Chirurgien, son Apothicaire ; il ne se donne pas dans la maison un
coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
LE COMTE, l’embrasse. – Ah ! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon Dieu tutélaire. FIGARO. – Peste ! comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances ! parlez-moi des gens 25 passionnés. LE COMTE. – Heureux Figaro ! tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir ! Conçois-tu ton bonheur ? FIGARO. – C’est bien là un propos d’amant ! Est-ce que je l’adore, moi ? Puissiez-vous prendre ma place ! […]
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I, scène 4.
1.Lexicologie (2 points).
Étudier les mots: gratis ; peste
2.Grammaire (8 points).
a.. Étudier l'emploi des mode (6 points)
b. Faire les remarques nécessaires sur : ?C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris
pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette et furète et gronde et geint tout à la fois ?(2 points)
1. Lexicologie
gratis :
- forme : er, ét : < abl pl de gratia,ae = ? grâce, clémence, largesse ?. Le 1 sens est ? gracieusement ?.
Proche donc de gratuit < gratus ? gré ? < gratuitus ? gratuit ?
, composition :
- sens :
, sémasio : 3 sens
, Sens1 étym de gracieusement, par largesse et bonté d’âme.
, Sens2 familier de gratuitement, sans payer.
, Sens3 +/- étym de avec grâce, avec élégance, sans y paraître
, Sens 1 = intention, par essence bonne (axiologique)
, Sens2 = fait (systémique) dont la valeur axiologique est négative
, Sens3 est nécessaire pour faire passer la pilule
, onomasio : gratuitement ou gracieusement lèveraient l’ambiguïté er, le 1 emploi = gratuitement
, le second = gratuitement + gracieusement + avec grâce, cad de façon performative
exactement comme Figaro nous le présente - contexte :
, Syntaxe : gratuit est adj, gratis est employé comme adv. En outre :
, La virgule détache gratis
, + aussi fait du groupe une loc adv qui renvoie non à 10 pistoles mais à les promettre.
, Du coup ce ne sont pas les 10 pistoles qui sont gratuites, mais la promesse, denrée
dont Figaro n’est pas avare, tt comme le Comte d’ailleurs
, Texte : oxymore ou absurdité car il s’agit de payer gratuitement. En fait :
, Il s’agit d’un loyer ? gracieux ?. C’est payant en théorie (10 pistoles), gratuit quant au
résultat.
, Cette gratuité est toute relative, puisqu’il y a troc (logement contre médecines).
, Le comique tient dans la ? gracieuseté ? toute relative de tt cela. F n’est pas logé
gracieusement, tt comme il ne soigne pas gracieusement. On est donc dans le gratis-
gratuit et non dans le gratis-gracieux. Il y a du donnant-donnant, là comme dans ce qui
va suivre.
peste :
- forme :
, ét : < pestis ? maladie très contagieuse ?, puis une de ces maladie, qui se manifestait par des
épidémies ravageuses (cf Histoire ou Giono).
, composition :
- sens :
, sémasio : marque la position du locuteur vis-à-vis
, onomasio : ensemble de termes connotés négativement :
, subst négatifs (+ dét 0) : diable, bordel, crotte, merde…
, subst déformés de Dieu : ventrebleu, sangbleu, morbleu…, ou non déformés : mon Dieu,
Seigneur…
, aujourd’hui connecteurs divers : ça alors, ben dis-donc…
, c’est un appréciatif antithétique, qui souligne, met en relief, permet des effets aux
acteurs
- contexte :
, Syntaxe : NC utilisé comme juron, interjection, cad :
, C’est un mot-phrase
, Ne tolère aucune détermination complémentation…
, Seule possibilité : la peste soit du ladre, peste de valet…
, Texte : contexte exclamatif :
, Contexte affectif : cf datif épistémique qui suit vous + impératif fictif parlez-moi
, Jugement sur ce qui vient qui est ainsi catégorisé comme hors norme, éminemment
remarquable
, Donne du ? rythme ? presque comme une stichomythie ou une aposiopèse : monosyllabe
rebondissant après lequel on peut reprendre son souffle
, interjection / onomatopée qui varie non en genre ou en nombre, mais en taille, via
l’intonation
, cette ? taille ? relève du jeu des acteurs, et ce genre de terme n’a de sens qu’au théâtre
ou ds des passages de dialogue
2. Passage souligné : C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris pommelé, rusé, rasé, blasé, qui
guette et furète et gronde et geint tout à la fois
- c’est :
, Réponse à une question
, Présentatif et non focalisation (cf c’est le champagne que je préfère)
, V être en réponse à celui de la question (quel homme est-ce ?)
, Tt ce qui suit est attribut de catégorisation de homme (cf dét art indéf) : tt le pb est de
savoir à quelle catégorie il appartient, tant les qualificatifs brouillent les cartes
- Struture du passage : SN = 4 adj qualificatifs +1 N + gp adjectival + 3 ppé adj + relative de 4 V + tt à la fois
, 4 adj qual(et non relationnels) monosyll antéposés pour le moins contradictoires :
, oxymore1 : beau gros : beau est annulé par gros
, oxymore 2 : jeune vieillard : jeune est annulé par vieillard
, court entre virgules serait impossible seul (*c’est un vieillard court) ; induit à penser à un
animal comme un chien, ? court sur pattes ?
, l’orientation axiologiques est contradictoire : beau + jeune => + /gros + court => -
, comme le + est annulé par le -, il en ressort le tableau d’un vieillard bedonnant,
vaguement bestial, qui tente de se donner des airs
, gp adjectival + 3 ppé adj : allitérations/assonances (vs homéotéleute) en [ze]
, Gpé adject gris pommelé : comme si c’était un cheval, vs encore de la bestialité
, [ze] est leur seul point commun
, rasé => orientation systémique
, rusé, blasé => orientation axiologique, l’un plutôt +, et l’autre plutôt –
, on est dans le burlesque ou l’héroi comique, le sans rapport, l’hétéroclite
, relative + 4V :
, surccordination non corrélative (vs polysyndète)
, V groupés 2 à 2, phonétiquement ([èt] et nasales) et sémantiquement (actions + bruits)
, On st plutôt dans la redondance que dans l’oxymore
, cette fois les 4 V sont connotés négativement et le brave tuteur apparaît comme un
râleur suspicieux et aigri
- coordination et non coordination (asyndète et polysyndète) :
, tt à la fois : connecteur coordonnant
, adj en liste non close
, V surcoordonnés
, le vieillard est sous le coup soit de juxtapositions non fermées soit de surcoordinations
abusives, bref il est tt et n’importe quoi, c’est un benêt qui gesticule en tous sens et qui
ne demande qu’à être berné
- Conclusion : Figaro, sous couvert de simplement décrire le tuteur de Rosine, nous donne à voir un sombre personnage, le type même qu’il faut fuir, ce qui va transformer le méfait que médite le
Comte en bonne action, pour le + grand bénéfice du brave Figaro
3. Emploi des modes
,
LE COMTE. – […] Ah, quelle nouvelle ! j’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets, et je la trouve
libre ! Il n’y a pas un moment à perdre, il faut m’en faire aimer et l’arracher à l’indigne engagement qu’on lui
destine. Tu connais donc ce tuteur ?
FIGARO. – Comme ma mère.
5 LE COMTE. – Quel homme est-ce ?
FIGARO, vivement. – C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette et
furète et gronde et geint tout à la fois.
LE COMTE, impatienté. – Eh ! je l’ai vu. Son caractère ?
FIGARO. – Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort. 10 LE COMTE. – Ainsi, ses moyens de plaire sont…
FIGARO. – Nuls.
LE COMTE . – Tant mieux. Sa probité ?
FIGARO. – Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
LE COMTE. – Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
15 FIGARO. – C’est faire à la fois le bien public et particulier : chef d’œuvre de morale, en vérité, Monseigneur !
LE COMTE. – Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ?
FIGARO. – A tout le monde : s’il pouvait la calfeutrer…
LE COMTE. – Ah ! diable ! tant pis. Aurais-tu de l’accès chez lui ?
FIGARO. – Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au Docteur, qui m’y loge gratis. 20 LE COMTE. – Ah ! ah !
FIGARO. – Oui. Et moi en reconnaissance, je lui promets dix pistoles par an, gratis aussi.
LE COMTE, impatienté. – Tu es son locataire ?
FIGARO. – De plus, son Barbier, son Chirurgien, son Apothicaire ; il ne se donne pas dans la maison un coup de
rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
LE COMTE, l’embrasse. – Ah ! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon Dieu tutélaire. 25
FIGARO. – Peste ! comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances ! parlez-moi des gens passionnés.
LE COMTE. – Heureux Figaro ! tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir ! Conçois-tu ton bonheur ?
FIGARO. – C’est bien là un propos d’amant ! Est-ce que je l’adore, moi ? Puissiez-vous prendre ma place !
[…]
- introduction
, il y a 7 modes :
, 4 temporels : ind, subj, imp, cond
, 3 non temporels : inf, participe, gérondif
, certains sont contestables :
, imp >+ cond => formes de l’ind ou du subj
, ici le cas de aurais-tu de l’accès chez lui => emploi modal et non temporel
, part pr + gér => formes en –ant
, modes non tmp = formes nominales, adjectives, adverbiales du V
, sémantique => mode = position de l’énonciateur vis-à-vis de l’énoncé (cf modalité et
modaux) :
, ind = procès réel
, subj : procès virtuel
, inf : fait du procès
l’essentiel ici est :
- voir que le conditionnel est d’emploi modal et non temporel
- identifier et analyser correstement les subl et imp
- dégager les emplois verbaux/non verbaux des inf gér part
,, les indicatifs simples : pas de pb
, je la trouve libre
, Tu connais donc ce tuteur
, qui guette et furète et gronde et geint tout à la fois
, je l’ai vu
, 1 des 3 cas de ppé en forme composée , qui le hait à la mort
, ses moyens de plaire sont…
, juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu
, – Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte , Aurais-tu de l’accès chez lui
, Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au Docteur, qui m’y loge gratis
, Ai = ellipse = avoir de l’accès
, je lui promets
, il ne se donne pas dans la maison
, tu seras mon ange
, comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances !
, 1 des 3 cas de ppé en forme composée , Conçois-tu ton bonheur
, Est-ce que je l’adore, moi ?
,, le cas de c’est : présentatif, clivage, morphème interrogatif, V plein (partie supprimable)
, C’est un beau
, présentatif
, Quel homme est-ce ?
, Présentatif sur lequel porte l’interrogation
, Tu es son locataire
, V plein
, C’est bien là un propos d’amant !
, présentatif
, Est-ce que je l’adore, moi
, Morphème int directe totale , C’est faire
, + ce qui précède = pseudo clivée de l’infinitif punir
,, les infinitifs
, en périphrase + ind : l’inf = V support
, j’étais résolu de tout oser
, il faut m’en faire aimer
, Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte
, s’il pouvait la calfeutrer
, tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir !
, les infinitifs non temporels : valeur intemporelle
, ses moyens de plaire sont…
, juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu
, Punir un fripon en se rendant heureux
, C’est faire
,, autre
, Punir un fripon en se rendant heureux
, gérondif
, il ne se donne pas dans la maison un coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de
votre serviteur
, subj en rel avec antécédant nié , Puissiez-vous prendre ma place
, Subj en indépendante dit de souhait = ordre à soi-même et à tt le m
, parlez-moi des gens passionnés
, impératif à soi même et à tt le monde a
< ind mais les bases peuvent être subj (sachez)
- conclusion
, ind + périphrases avec inf , pb de c’est, morph +/- verbal
, subj + impératifs même combat